Moving Forward T.1 : Sourire… Oui, mais pourquoi?

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Moving Forward
Moving Forward – T.1 ARUITOU © 2011 by Nagamu Nanaji / SHUEISHA Inc.

Nouveauté shôjo 2017 des éditions Akata, Moving Forward était le titre que je ne m’attendais pas à voir chez l’éditeur pour être honnête. Bien que ce titre s’avère résolument plus mature, je pensais qu’il aurait fallu encore attendre un peu avant de le voir dans notre contrée. Avant sa licence, j’avais pu découvrir ce titre et j’avais été agréablement surprise par le changement de registre de la mangaka.

Résumé :

Sourire pour quoi ? Sourire pour qui ?

Pour masquer ses blessures… ou exprimer sa joie ?

Kuko, jeune lycéenne, affiche toujours un sourire radieux ! Mais autour d’elle, personne ne semble soupçonner que derrière cette apparente bonne humeur se cache une profonde douleur. Ni son père. Ni Kiyo, son voisin métisse. Ni Ibu, son amie d’enfance fan de shôjo mangas. Seul Outa, jeune étudiant en école d’art, réussit à lire en elle, au-delà des apparences. Car en réalité, depuis sa plus tendre enfance, Kuko souffre d’une absence : de celle d’une mère décédée lors du grand séisme de Kobé. Alors, pour exorciser tout son mal-être, la jeune fille aime tenir son blog photo, sur lequel elle poste « sa vision du monde », à travers le regard des animaux. Mais l’arrivée dans son quartier d’un garçon plus perspicace que les autres pourrait bien chambouler son quotidien…

Entre regards perdus et non-dits, découvrez le quotidien de jeunes adolescents qui, entre arts, amour et amitié, cherchent leur équilibre fragile dans un monde souvent trop cruel.

Source : Akata.

Avis :

Oui, on connaît Nagamu Nanaji pour ses titres Parfait-Tic ou encore Koibana, l’amour malgré tout. Des titres qui laissaient la part belle à un registre un peu plus humoristique même si certaines thématiques s’avéraient sérieuses. Avec Moving Forward, on s’oriente vers un style inhabituel mais qui lui sied plutôt bien. Réalisme et maturité semblent être au rendez-vous.

« Kuko… Souris-moi… » – Tome 1

Le début se veut chaleureux et plein de vie d’une certaine manière avec une scène presque vivifiante : l’héroïne nous apparaît dans toute sa splendeur avec ce sourire qui la caractérise presque tout le long du volume. Il faut dire que Kuko (puisque c’est son prénom) renvoie l’image d’une jeune fille bien dans sa peau, insouciante, forte, croquant la vie à pleines dents et j’en passe. Elle se plaît à flâner dans sa ville tout en prenant pleins de photos de son quartier, de la faune, de la flore afin d’alimenter son blog. Elle est entourée de son père, très bienveillant, mais aussi de ses amis : Kiyo, son voisin amoureux d’elle depuis toujours ; Ibuki, une fan de shôjo qui adore les scénarii romantiques et enfin Outa, un étudiant en art qui apparaît plutôt en marge mais qui paraît comprendre que Kuko et son sourire légendaire cachent bien des choses…

Moving Forward
Moving Forward – T.1 ARUITOU © 2011 by Nagamu Nanaji / SHUEISHA Inc.

Je me souviens que quand j’ai lu Moving Forward à ses débuts, j’avais l’impression que la mangaka pouvait nous emmener vers un schéma « harem » avec trois garçons autour de l’héroïne et cette dernière qui pouvait basculer dans les clichés d’une héroïne de shôjo. Que nenni ! La mangaka nous trompe allègrement et je dois dire que le premier volume donne parfaitement l’illusion jusqu’à la fin du volume ou lors des petites piques d’Outa. Car oui, Kuko est une héroïne qui souffre mais elle sait donner le change grâce à son sourire. La particularité de Kuko, c’est qu’on arrive très vite à remarquer qu’elle ne va pas bien. On le sent comme si c’était ancré en elle d’une certaine façon. Mais pourquoi ? Le premier tome préfère ne pas trop donner d’indications. On se doute que cela est lié à une mère disparue que l’on aperçoit en photo. Mais cette thématique autour du « sourire de façade » s’avère assez intéressante. On cherche à comprendre cette façon d’agir derrière son quotidien qui semble si rangé, si bien mis en scène.

« Forte, enjouée, courageuse… C’est ainsi que je grandis maman […] » – (Kuko) Tome 1

Et cela va alors passer par une narration fine de la part de la mangaka. En effet, l’ingéniosité de cette dernière, c’est de nous exprimer comment les autres perçoivent un malaise sans jamais clairement l’affirmer. En effet, s’il est vrai que Moving Forward ne s’attarde pas tant que cela sur le contexte scolaire, notre héroïne reste tout de même une lycéenne et ses camarades semblent remarquer une certaine « fausseté » derrière ses sourires. Kiyo, son voisin, même s’il apparaît comme le petit « trublion » est loin d’être simplement l’amoureux transi. Il remarque bien des choses mais il n’ose pas changer sa façon de faire. Il veut surtout la préserver. Enfin Outa est vraisemblablement celui qui vient clairement semer le trouble chez l’héroïne. Il paraît lire en elle, deviner un sourire factice. Mais alors pourquoi dit-elle que cela va ? Il faut dire que ce qui trouble Kuko, c’est le fait qu’Outa ne sourie jamais. Quelque part, on peut penser que ce dernier est son pendant inverse et que c’est cela qui l’intrigue.

« Mon sourire a peut-être des épines… » – (Kuko) Tome 1

Enfin, il y a le nouveau venu qui apparaît au début du tome et qui, on le comprendra très vite, aura vraisemblablement un rôle à jouer dans cette intrigue : Sazuku (on n’apprend son prénom que dans le deuxième volume). Sans la connaître, il arrive très vite à déceler quelque chose de pas très logique chez cette fille. Affirmant détester la ville et détester sa façon d’agir. En cela, lui aussi s’avère dans sa sincérité quelqu’un que Kuko a du mal à comprendre. L’incompréhension qui règne quand elle le voit est aussi ce qui entraîne un changement de réaction chez elle : elle est incapable de lui sourire. On ne peut que se dire que Sazuku sera peut-être un élément pour que Kuko s’accepte enfin comme elle est sans doute dans le fond et donc avec sa douleur.

Moving Forward
Moving Forward – T.1 ARUITOU © 2011 by Nagamu Nanaji / SHUEISHA Inc.

Il n’en demeure pas moins que ce premier volume séduit. Kuko est une héroïne dont le caractère (même factice) est appréciable. Elle se veut forte et indépendante mais comme on parvient à deviner son désarroi, on se prend également assez vite d’empathie pour elle. Cette complexité qui paraît permanente en elle donne matière à vouloir la découvrir encore plus. Les personnalités des autres personnages ne sont pas encore réellement mises en avant. On appréciera Kiyo pour son côté chaleureux et positif même s’il ne fait pas toujours preuve de jugeote pour tout. Ce côté énergique qu’il possède cadre avec le dynamisme de Kuko. Quant à Ibuki, elle m’a beaucoup fait rire à jouer la mangaka dans le manga : elle se base souvent sur les shôjo pour montrer la progression amoureuse de l’héroïne. Mais quand elle a dit qu’elle serait rejetée par Outa, cela m’a interpellée d’autant qu’Outa est aussi troublé par Kuko, mais je ne sais pas si c’est pour la bonne raison?!… De même qu’elle fait passer Kiyo pour l’ami d’enfance laissé sur le côté et le dernier pour le ténébreux effrayant au premier abord, mais vers qui on peut aller. C’est un peu dur à dire dans la mesure où pour moi, il y a deux BBT (beaux bruns ténébreux) : Outa et Sazuku… Enfin, la copine permet de donner un ton un peu plus léger.

Par ailleurs, la mise en abyme que fait la mangaka en parlant de ses autres mangas est toute aussi ingénieuse (on voit même la couverture de Koibana, c’est dire…). On voit qu’elle n’hésite pas à se tourner en dérision en parlant des clichés dans les shôjo (clichés dont elle a pourtant usés).

Il y a toutefois deux autres points qui sont plus que plaisants dans le titre, c’est le cadre : plutôt calme, typique des tranches-de-vie. La manière dont le cadre nous est dépeint donne rapidement l’impression que c’est le « calme avant la tempête » d’une certaine façon. En outre, on sent que cette ambiance paisible va être très vite perturbée. Je ne saurais dire pourquoi, mais ce début m’a un peu fait penser à Blue d’ailleurs. Le lieu est à couper le souffle tout de même et il s’avère assez immersif de par son réalisme. Et cela est amplifié par les « free talks » de la mangaka où elle explique son parcours mais aussi ses difficultés. Mais il y a également toute cette facilité qu’a la mangaka à être dans l’implicite. En effet, il y a énormément de non-dits dans le titre. Mais on les comprend. Une image, un arrêt sur une scène en particulier suffisent à dévoiler plus que des mots. Par ailleurs, c’est un point assez difficile à retranscrire mais on a presque constamment la sensation qu’une ambiguïté est présente.

Le dessin est donc également un vrai plus. Nagamu Nanaji a bien amélioré son trait. Les lieux sont saisissants de manière générale et l’expressivité des personnages est vraiment bien retranscrite.

Quant à l’édition d’Akata, elle est dans ce que l’éditeur propose habituellement : bonne qualité d’impression pour moi, une jaquette soignée et fidèle aux couvertures d’origine. La traduction est également soignée.

En conclusion, ce premier volume s’avère prometteur et il est judicieux de la part de l’éditeur d’avoir sorti le tome 2 en même temps (dont je vous parlerai très rapidement). Nagamu Nanaji prouve également son envie d’évoluer à travers ce titre. A lire!

Informations :

Titre VO : あるいとう
Titre traduit : Aruitou
Genres : shôjo, romance, drame, tranche-de-vie, deuil
Nombre de tomes VF/VO : 2/11 (En cours/terminé)
Auteur : NANAJI Nagamu
Édition VF : Akata
Prix : 6,95€

Lire un extrait : Moving Forward T.1

Note :

10 réponses à « Moving Forward T.1 : Sourire… Oui, mais pourquoi? »

  1. Avatar de Luthien

    J’avais repéré la sortie et ton avis me confirme mon envie de le lire. 😀

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    1. Avatar de heyden17

      J’espère qu’il te plaira 😉

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  2. Avatar de Carole

    Tu donnes carrément envie de lire ce manga ! J’attends ta chronique du tome 2, du coup.
    11 tomes pour un shojo, c’est pas mal. Est-ce que tu penses que l’histoire ne va pas s’essouffler avant la fin ?

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    1. Avatar de heyden17

      La mangaka gère assez bien l’histoire de ce que j’ai lu (j’ai dû lire jusqu’au tome 6) donc 11 tomes, cela me paraît satisfaisant puis elle s’intéresse à tous les personnages même si Kuko reste l’héroïne. Je pense que cela lui permet de bien faire le tour 🙂

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      1. Avatar de Carole

        Merci de ta réponse. En ce moment, je ne fais pas trop de dépenses. Je ne bosse pas donc je fais attention. Dès que j’aurai repris le travail, je me laisserais tenter par ce manga. D’ici là il y aura sans doute un autre tome de sorti.

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  3. Avatar de Neko

    Le titre m’intrigue depuis sa sortie, mais je n’avais pas encore sauter le pas. Je verrai si je sais caser le tome 1 dans ma liste d’achats de ce mois-ci, mais je l’ajoute déjà dans ma wishlist. Ce qui est sûr c’est que ton avis donne franchement envie de découvrir le titre ! 🙂

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    1. Avatar de heyden17

      J’espère qu’il te plaira. Je crois que ce titre va vraiment bien lancer Nagamu Nanaji en France :).

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      1. Avatar de Neko

        Je te tiendrai au courant ^o^ C’est possible, le titre attire et intrigue pas mal de monde en tout cas 🙂

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  4. Avatar de heyden17

    Disons que connaissant les autres titres de la mangaka, on sent un bouleversement chez elle et dans sa façon d’écrire. Cela n’a vraiment rien à voir mais c’est une belle surprise 🙂

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  5. Avatar de Challenge La ronde des éditeurs : Akata | Club Shôjo

    […] envie de chroniquer depuis un bon moment. Soit je lis une nouvelle série, je pense notamment à Moving Forward qu’Heyden de Kyoukai’s World m’avait carrément donné envie de lire. A voir… Et, il faudrait aussi que je rédige […]

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